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 My job ? Spying on you !

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MessageSujet: My job ? Spying on you !   My job ? Spying on you ! EmptyLun 6 Mai - 20:04




May Ann Cross

ft Bryce Dallas Howard

T'ES LA, C'EST BIEN.

One step closer... But to what ?.


PRÉNOM(S) : May Ann
NOM : Cross, épouse Dempsey
ÂGE : 36 ans
GROUPE : Carreau
EMPLOI : Agent du MI-5, mais pour sa couverture, elle est barmaid au culsec.



ET SINON, DANS TA TETE



PHYSIQUE

‣ Rousse aux cheveux bouclés – qu’elle lisse par fois
‣ Des yeux vert pâle – qui virent au bleu avec la luminosité
‣Assez grande – 1m70
‣ S’habille simplement – pour être à l’aise en toute situation
‣ Adapte son maquillage à la situation – généralement, c’est fond de teint et eye-liner

SIGNE DISTINCTIF : May ne compte plus ses cicatrices, mais les plus notables restent la série de coupure

PSYCHOLOGIE :
La caméléonne : Facette dominante chez May, la caméléonne n’a pas de caractère propre ; elle s’adapte. Selon la personne en face d’elle, elle est capable d’être douce ou mauvaise, confiante ou méfiante… C’est assez spectaculaire en soit, mais personne ne peut vraiment s’en rendre compte puisqu’elle est assez douée pour mémoriser précisément l’attitude qu’elle a adopter avec qui – ainsi que les discours tenu, qu’ils soit siens ou adverse – de manière à pouvoir renvoyer la même image la fois suivante. La caméléonne, c’est une façade que la rouquine adopté pour son travail, d’abords, et qu’elle a finis par conserver, qu’elle soit ou non en fonction. En première approche, elle calque systématiquement ses actions et ses paroles sur celles de son interlocuteur, au moins le temps de voir s’il est ou non digne de confiance. C’est une forme de méfiance, oui, mais comment ne pas se méfier en permanence, quand on travaille pour les services secrets ?

La justicière : Wonder Woman is coming ! Non, concrètement, ce n’est pas du tout comme ça que May Ann, se considère, même si quelque fois, elle peut passer pour une super héroïne. Cette facette-là, c’est celle qui a le mérite d’être directe et naturelle chez elle. Elle entre en jeu tout le temps où presque… Dès qu’elle repère une injustice, en fait. Elle ne peut pas s’en empêcher, elle intervient au quart de tour. Dans son quotidien, Ann, c’est celle qui aide, qui fait preuve d’une bonté extraordinaire envers tout le monde. C’est aussi celle qui accours pour défendre ceux et celles qui se font agressé, celle qui cours après les voleurs… Elle peut en faire trop, bien sûr, et ça arrive couramment, mais on le lui reproche peu vu à quel point elle fait preuve de noblesse d’âme. Il arrive dans certains cas qu’elle ait recours à la violence, mais c’est d’une rareté notable. Effectivement, elle préfère le dialogue calme aux échange musclés, même si elle est parfaitement en mesure de « foutre une taule » a des gaillards trois fois plus baraqués qu’elle.

L’acharnée professionnel : Autant elle cause un tort monstrueux à May Ann, autant cette facette est extrêmement présente en elle. Intimement liée à la justicière, l’acharnée professionnel, tout son entourage la connait, sa famille notamment. Toute sa vie, elle a travaillé dur et c’est encore plus le cas maintenant qu’elle a atteint son objectif. Le travail, c’est sans nul doute sa priorité et on le lui reproche beaucoup. Combien de fois est-ce qu’elle a entendu « souffle donc un peu, May ! » ? Elle a arrêté de compter, à vrai dire. Néanmoins, quand elle s’allie à la caméléonne, cette facette est… Un miracle ! Elle peut emmener l’ainée Cross dans des situations périlleuses mais maitrisées… Et aussi forcer son honneur à abandonner le navire. Ce faire l’amante d’un gros trafiquant, c’est d’un déshonneur notable, surtout pour une femme qui prône l’ordre et la justice, mais si c’est pour le coincer, si c’est pour le bien de tous, alors elle peut s’y soumettre. « Un mal pour un bien. »

La femme : Enfin on se débarrasse des couches superficielles ! Avant tout, la femme est une mère, elle est donc, d’instinct, douce envers tout enfant. C’est sans aucun doute le seul moyen de prendre au piège la caméléonne. En revanche, elle sera d’autant plus méfiante envers les parents – Bah ‘faut voir son enfance, aussi… - et pensera au petit avant toute chose. La femme est aussi quelqu’un de calme et de réfléchis, qui ne fait rien sans l’avoir tourné dans tous les sens possible dans sa tête. Sauf si c’est la justicière qui intervient, parce qu’il faut bien une exception pour confirmer la règle. A vrai dire, ses études de psychologie ont énormément mis en avant ce point puisqu’elle est d’autant plus apte à comprendre et anticiper, et ce quand bien même elle s’est bien davantage tournée vers la psychologie criminelle. Oh ! Et précisons-le, elle déteste que l’on retourne contre elle l’analyse psychologique. C’est son avantage à elle et elle entend bien le conserver par n’importe quel moyen.
En dehors de ça, la femme est aussi quelqu’un de triste, quelqu’un qui n’a eu le droit qu’à un bonheur très court et qui redoute un peu ce que l’avenir lui réserve. Le fait de perdre ce qu’elle a construit lui pèse beaucoup quand bien même elle le cache avec brio. En plus de ça, Ann est quelqu’un qui culpabilise facilement, dès qu’il s’agit de vie privée. Elle ne s’est jamais pardonné la décadence de sa cadette et s’en attribut la faute, tout comme elle porte sur ses épaules le fardeau de son divorce. Cette partie-là, l’acharnée professionnel l’éclipse complètement. Si elle se plante dans une mission, tout ce qu’elle fera sera rattraper le coup avec une aisance terrifiante.

La clown : Il faut creuser profond pour la trouver, mais la Clown existe bel et bien, derrière toute ces couches de sérieux et de tristesse. La clown, c’est une femme enjouée, qui n’a peur ni de se livrer, ni de rire de bon cœur. Elle prend les choses simplement et tourne les situations les plus catastrophiques en dérision. Seulement voilà, elle est tellement bien cachée que même May Ann ne la trouve pas et qu’elle est donc incapable de lui remonter le moral quand il le faudrait. Pour voir apparaitre la fille de cirque ? Il en faut des tonnes. De quoi ? Et bien de confiance. Si May se méfie, jamais la clown ne montrera son joli nez rouge, seul la caméléonne plaisante, et tout de suite, c’est moins drôle…


ET PLUS SERIEUSEMENT




PSEUDO : Joy
ÂGE : 16 ans
OÙ AVEZ VOUS CONNU LE FORUM ? : Top secret…
CODE : [Validé ♥]





Dernière édition par May Ann Cross le Mar 21 Mai - 17:25, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: My job ? Spying on you !   My job ? Spying on you ! EmptyLun 6 Mai - 20:34




T'AS UNE VIE DE MERDE ?




« Bien. Par quoi commence-t-on ? » Embraye-t-il.
« A vous de me le dire. » Réponds-je en haussant les épaules.

Nous y sommes. Nous allons, dans peu de temps, rentrer dans le vif du sujet. Je ne sais pas si cela me rassure ou me fait paniquer davantage encore. Jouant néanmoins la carte du mystère et du je-m’en-foutisme, je m’installe plus confortablement sur le fauteuil et croise les jambes tout en gardant les bras croisés sous ma poitrine.

« Dans ce cas, nous n’avons qu’à commencer par votre nom. » propose-t-il.

Quoi ? Mon… Nom ? Je ne comprends pas, mais par reflexe, je lui réponds :

« May Ann Cross. » Sans hésiter.

Que croyait-il, au juste ? Que j’allais me confondre avec Sera ? Alors qu’elle n’a jamais réellement existée ? Non mais pour qui me prend-t-il ? Ce n’est pas parce que j’ai plus ou moins laissé une situation déraper que je suis mentalement déséquilibrée !

Voilà, une question et cet abruti de psy m’a fichue en colère. J’ai des défauts, bien sûr, mais je ne suis pas de nature impulsive ou colérique. Dans ce cas, pourquoi est-ce que le simple fait qu’il me demande mon nom m’agace ? Simplement que je suis là sous la contrainte. Je suis comme tout le monde, à vrai dire, et les psychologues me mettent assez mal à l’aise.
Pour les employer moi-même, je connais bien leurs méthodes de travail et j’étais capable d’arriver aux mêmes conclusions qu’eux avec une aisance remarquable. Alors qu’est-ce ce que me gêne vraiment puisque je peux trouver le fil de ses pensées encore mieux que n’importe qui d’autre puisque nous avons fait partiellement les même études et que nous avons logiquement le même raisonnement ? Je ne sais pas vraiment. … Mais je seul fait qu’il ait ma place au bout de son stylo joue-t-il beaucoup.

« Cross ? » S’étonne-t-il. « Sur ma feuille j’ai… Dempsey. May Ann Dempsey. »

Je soupire. Quoi ? C’est pour ça ? Pour m’interroger sur l’échec de mon mariage qu’il m’avait convoquée ? Mais merde à la fin ! Cette évaluation psychologique porte sur mon aptitude à reprendre le travail, pas mes affaires personnelles.
Je choisis la version courte :

« Je suis en instance de divorce. Et puis même mariée, on m’a toujours appelée par mon nom de jeune fille. »
« Très bien, comme vous voudrez. Mais ce prénom, d’où vient-il ? »

J’écarquille les yeux.

« Et bien… Ce sont mes parents qui me l’ont donné… »

Je ne trouve pas mieux pour le moment.

« J’aurais parié le contraire. » Me raye-t-il. « Ce que je veux dire c’est que May Ann… Ce n’est pas courant ! Pourquoi ne vous ont-ils pas simplement appelé Mary-Ann ? »

Super… Le but de ce psy n’est pas de savoir si je suis ou non apte à reprendre le service, mais de satisfaire sa curiosité personnelle par rapport à mon nom et ma vie de famille. Ma colère contre lui et ceux de sa profession monte d’un cran. Non mais pour qui il se prend ?

« C’est une faute de frappe à l’état civil. Je devais effectivement m’appeler Mary Ann. Sans trait d’union. Et ils ont oublié le "r". Du coup, je me suis toujours appelée May Ann. »
« Pourquoi ne pas avoir faire corriger cette erreur ? »
« A votre avis ? Parce que cela coûte cher. Autant j’aurais les moyens de faire corriger une faute sur le nom de ma fille, autant mes parents de l’avaient pas. Et puis petite, j’étais contente de cette faute de frappe. Cela me donnait un prénom unique, contrairement à mon nom de famille. »

Pour être un nom « classique », Cross en était un. Bien plus que mon prénom erroné, il m’avait causé plusieurs fois des soucis dans mon jeune âge. S’appeler « Cross » et fréquenter un établissement privé religieux – chrétien le cas échéant – n’était pas forcement le plus beau cadeau que l’on puisse faire à son enfant.
Oui, toute l’ironie de mon enfance était là : ils n’avaient pas les moyens de faire corriger mon prénom, mais ils avaient trouvé l’argent de me faire passer toue ma scolarité dans le privé. Du first grade (CP) à la fin de mes études, j’avais toujours été dans les meilleures écoles du secteur. Je m’en étais donné les moyens, aussi… Toujours le nez dans mes livres… Ou à faire barrière pour protéger Camilla…

De loin, je perçois le psy me demander, si mon prénom n’avait pas été trop dur à porter, ce que je viens de démentir mentalement. Me laissant automatiquement répondre que non, qu’il n’avait jamais représenté une contrainte pour moi, je remonte silencieusement le temps pour revivre mon enfance.

Six ans, c’était l’âge que j’avais le jour où j’ai appris que j’allais avoir une petite sœur. Moi qui avais déjà pour habitude de travailler du – parce que l’on me l’a inculqué avant que je ne sache marcher – me suis mise en tête d’en faire encore davantage pour être la grande sœur idéale. Je n’imaginais même pas à quel point j’allais devoir être « une grande sœur idéale ».
Quatre ans plus tard, mon père a perdu son emploi. Cela aurait pu être bien plus grave, il aurait pu perdre l’usage de ses jambes ou alors la vie ! Mais cela a suffit à ce que ma mère disjoncte. Elle mettait tout sur le dos de notre père – oui, la fermeture complète et définitive de sa boite était de sa faute… Il est vite tombé dans la dépression et notre mère a retourné ses mots devenus inutiles sur notre lui contre ma sœur et moi.

Tout cela m’atteint peu : je passais déjà tout mon temps dans les livres, alors je n’ai eu besoin de me réfugier nulle part. Camilla cependant, du haut de ses quatre ans, a eut beaucoup de mal à supporter tout ce qui se passait. Regarder notre père se laisser mourir et subir les brimades permanentes de notre mère en était trop pour elle.
Instinctivement, je me suis mise à la protéger. Mimer d’avoir fait tomber le verre à la place de ma sœur ou de l’avoir poussée par mégarde. Faire semblant d’avoir fait la bêtise, systématiquement… Mais cette habitude de ma part a fini par changer le comportement docile de ma cadette. En effet, elle pouvait faire n’importe quelle bêtise, je le protégeais ! Alors, elle en a fait de plus en plus. Volait et cachait ses vols dans ma chambre, par exemple, pour que je prenne à sa place.
Par principe, je la réprimandais de mon côté, à voix basse, à chaque fois, mais qu’est-ce que cela valait, puisque je ne la laissais pas prendre elle-même les punitions de notre mère ? J’encaissais toujours moi-même. Les privations – d’ordinateur, de télévision, de sortie… De dîner même, parfois -, les insultes - « Tu n’es qu’une bonne a rien ! Tu nous serais plus utile au travail qu’à l’école ! Je me demande pourquoi je me saigne encore à te payer ton établissement privé ! » - et les coups, quelques fois je prenais.

Mes résultats scolaires ne furent pas le moins du mon ébranlés je suis restée aux yeux de mes instituteurs cette petite fille muette et timide, de loin plus intelligente que tous les autres. En parlant d’intelligence : j’ai sauté deux classes durant ma maternelle et mon primaire. Projetée en Junior High School (collège) à neuf ans, j’ai manqué de sauter une classe supplémentaire de peu : mon âge a bloqué les procédures. Et évidemment pas question d’envisager de m’envoyer dans un établissement spécialisé pour surdoué, je « coûtais déjà bien assez cher comme ça ».

Quinze ans : la situation n’a toujours pas évoluée. Mon père survivait, ma mère nous brimait et je prenais tout « dans la gueule » à la place de Camilla. Seulement à la rentrée scolaire, mais vie a pris un tournant… Enfin ! Entrée à l’université, je suis partie loin de Sheffield. En colocation dans un appartement Londonien, je me suis sentie vivre. … Mais ça, ça a duré jusqu’à ce que Camilla ne me passes un coup de fil, en larme. Après même pas dix minutes, je courais déjà dans tous les sens pour obtenir des dérogations, et autres autorisations pour priver ma mère de sa garde et la faire venir avec moi.
A plusieurs reprises, je dois résister à la tentation de falsifier des informations, comme ma date de naissance par exemple : tout aurait été mille fois plus simple si j’avais majeure. Mais finalement, tout s’est passé très simplement puisque ma mère a accepté de se débarrasser de ma cadette et de la laisser vitre à Londres, elle est même allée jusqu’à faire les papiers de déménagement et de changement d’école en cours d’année scolaire.
A partir de la seconde où elle a posé son pied dans l’appartement, ma vie est redevenue cauchemar, pour peu que les mois précédents – où je courrais les administrations – n’en étaient pas déjà. Elle ne m’a pas remercié d’avoir répondu à sa demande, a presque ordonné que je lui laisse ma chambre… Et je l’ai fait. Je lui ai tout céder, toutes les affaires dont elle a eu besoin, mon lit… Mais en dehors de ces caprices et de la quantité considérable de travail que j’ai fournis, tant qu’elle restait en primaire, je n’ai pas eu trop de soucis.

A son entrée en junior high school (collège) par contre, les choses se sont corsées. J’avais dix-sept ans, je travaillais « sous le manteau » dès que j’avais une seconde et étudiais le reste de temps même si j’avais des facilités considérables. Honnêtement, j’aimais beaucoup apprendre, cela m’occupait la tête et m’empêchait de voir le nombre de conneries que faisait Camilla. Elle rentrait de l’école de plus en plus tard sans jamais vouloir me dire où elle se trouvait, disparaissait toutes la journée, le weekend, ne revenant que pour coucher. « Elle s’amuse avec ces amis, rien de mal. » m’entêtais-je à penser. Je pensais aussi que cela s’arrangerais en grandissant…
Si j’avais su ! De pire en pire. Plus les années sont passées, plus elle est devenue incontrôlable. Elle découchait sans prévenir, rentrait à des heures épouvantables, séchait les cours… A son entrée au grade supérieur, ç’avait été comme si elle ne vivait plus avec moi : elle ne revenait que de temps en temps, pour manger et prendre une douche, puis elle repartait je ne savais où. A vrai dire, même si j’avais voulu, je n’aurais pas eu le temps de m’en occuper. A vingt-et-un ans, je continuais les études pour terminer mon master de droit civil – le deuxième, le premier étant en psychologie criminelle – et ma licence – la seconde également, en cursus parallèle – en criminalistique – la première concernant la criminologie, ce qui formait mes spécialisations en psychologie criminel -, et je travaillais encore plus – a donné des cours particulier à des gamins le soir (ce qui me laissais le temps de faire mes propre devoir) et en tant que serveuse le week-end. Il fallait bien que je paye l’appartement, la nourriture et l’école de Camilla, d’autant plus qu’après deux colocataires différentes, j’avais choisis d’assumer seule le logement.
Donc ainsi, je me suis mise dans un état physique plus que lamentable tout ça pour pouvoir garder ma sœur avec moi quand bien même elle aurait parfaitement pu vivre à des milles sans que je ressente la différence de manière sensible… Tant de sacrifices pour un fantôme.

Un jour, je ne sais plus vraiment pourquoi, il a fallu que j’ailles chercher quelque chose dans mon ex-chambre (même si, entre temps, j’avais récupéré celle qui était auparavant attribuée aux colocataires). J’étais à la veille de passer mes examens, ma cadette avait seize ans, et je suis tombé sur de la drogue dans sa chambre. J’ai fait un bond de quinze mètres et décider de lui offrir un nouveau cadeau. Un de plus. Un qui, cette fois, risquait de lui déplaire.
La semaine suivante, j’ai abandonné les révisions pour enchainer les petit boulots un peu partout – de toute manière, j’en avais dix fois plus dans la tête que mes camarades d’amphithéâtre, alors je trouverais bien à les avoir, ses diplômes ! -, des marchés aux petits vieux du secteur. Cette semaine-là, au prix de grands efforts, et avec mes économies que j’avais été contrainte de mettre à la banque pour que Camilla ne les prennent pas, j’ai pensé avoir suffisamment. Dieu soit loué, j’avais déjà passé mon permis et acheter une voiture, c’était d’ailleurs dans le but d’offrir la même chose à ma petite sœur que j’économisais à l’origine.

Un coup de fil, un déplacement et un paiement plus tard, je suis rentrée chez moi en attendant que Camilla rentre, sans aucun doute dans le même état que d’habitude. J’ai eu de la chance, car elle est revenue le jour suivant s’effondrer sur le canapé. Elle a fermé les yeux si vite quand sa tête a écrasé les coussins du sofa que je me suis demandé si elle allait reprendre connaissance. Evidemment, ce fut le cas, quatre bonnes heures plus tard.

« May ! » L’ai-je entendue brailler d’une voix rauque. « Apporte-moi un truc contre le mal de crâne ! »

J’ai soupiré et passé un nouveau coup de téléphone. Celui fut bref et ne me laissait qu’une demi-heure pour expliquer la situation à ma cadette et régler mes comptes avec elle au passage. Trente minutes, c’était à la fois une éternité et un laps de temps infime. Elle et moi avions tant de choses à clarifier !

« May ! » Elle a ordonné de nouveau.

J’ai traversé le salon pour aller verrouiller la porte d’entrée et je suis allé m’asseoir dans la chaise pas loin du divan. De nouveau j’ai soupiré et puis je l’ai regardée dans les yeux… Tout du moins autant que je le pouvais à travers ses paupières mi-closes.

« Je ne te soignerais pas cette fois. » Lui ai-je simplement répondu.
« Qu… Quoi ? »
« Cette fois, ce n’est pas moi qui m’occuperais de te soigner, Camilla. »
« Tu veux m’envoyer chez le médecin ? Mais je ne suis pas malade. Juste un peu… »
« Défoncée ? »
« Hein ? Je… Non. »

Je me suis levée pour aller chercher le petit sachet dans sa chambre. Je l’ai balancé sur la table basse et, aussi en colère que je le pouvais, je lui ai dit :

« Ah oui ? Alors ça, c’est quoi ? De la farine ? De la craie ? Et puis comment est-ce que tu as réussis a avoir ça ? Tu n’es même pas majeure ! En plus ça coûte une fortune ! »

En réalité, en plus de me faire énormément de peine, elle me faisait culpabiliser. Si je l’avais surveillée davantage, si je l’avais empêché de disparaitre, si j’avais surveillé ses fréquentations… Si j’avais fait plus attention à elle, j’aurais pu la garder.

« Qu’est-ce que ça peut te foutre ? Tu t’es jamais occupée de moi. » Elle a rétorqué.
« Et bien figure toi qui si, j’en ai "quelque chose à foutre". Et c’est pour ça que ce n’est pas moi qui vais te soigner. Tu rentres en clinique aujourd’hui. Dans une vingtaine de minute les ambulanciers seront là. » Je lui ai avoué.
« Tu veux m’envoyer en desintox ? » Elle a dit, presque paniquée, avant d’éclater de rire. « Bravo, tu as presque réussi à m’faire marcher. »
« Ce n’était pas le but. »
« Arrête de raconter des cracs ! »
« Et toi arrête d’en prendre ! »

Le ton commençait à monter. C’était prévisible : nous ne pouvions pas parler dans nous disputer, depuis quelques années déjà. Mais cela ne m’avait jamais empêché de continuer à la nourrir, le loger et la blanchir. Quoi qu’elle fasse, elle restait ma petite sœur, celle que j’avais toujours protégée et que je devais encore protéger. C’était naturel pour moi, instinctif même. Et que je le veuille ou non, je ne pouvais pas faire le contraire.

« Puis de toute façon, t’as pas le pognon pour faire c’que tu dis. » a-t-elle reprit.
« Je ne l’ai plus. » l’ai-je corrigé. « J’ai réglé ton admission hier, avec l’argent de toute une semaine de travail et toutes les économies que tu m’as forcé à mettre à la banque. »
« T’as pas le droit de me faire ça ! Putain, May ! Pourquoi il faut toujours que tu me pourrisses la vie ?! »

Pardon ? J’avais toujours fait en sorte que tout soit au mieux pour Mademoiselle, et elle osait prétendre que mon existence consistait à « pourrir » la sienne ? J’ai cru halluciner. Elle ne se rendait même plus compte de ce qu’elle disait. J’étais au moins sûre et certaine d’avoir pris la bonne décision par rapport à la cure. Lui poser un ultimatum n’aurait eu aucun autre effet que de la faire fuir. Au moins à présent pourrait-elle être entre de bonnes mains. Aux mains de gens qui pourraient l’aider mieux que je ne le pourrais jamais – du moins dans la situation présente.

« Je t’ais toujours défendue, Camilla, tu n’as pas le droit de dire ça ! » Me suis défendue.
« Menteuse ! T’as jamais levé le petit doigt pour moi ! »
« Ah oui ? Et quand nous étions petites, je ne t’ai jamais empêché de prendre des coups, peut-être ? »
« Mais tu t’es barrée en m’abandonnant ! »
« Pour te récupérer à peine trois mois plus tard ! Qui paie le toit sous lequel tu vie ? Qui paie la nourriture que tu manges ? Qui paie ton école ? Moi ! Alors ne vas pas dire que je ne fais rien pour toi ! »
« Mais tout ton tombe cuit dans la bouche ! Tout ce que tu touches ça devient de l’or ! C’est naturel pour toi. Moi c’que je touche, ça devient de la merde. »

Elle n’imaginait même pas la quantité de travail que j’avais fournis pour en arriver là où j’étais. Même si scolairement, j’avais des facilités qui me valait la jalousie de beaucoup, dans la vie active, j’avais toujours du fournir une quantité de travail monumentale. A vrai dire, tout avait beau m’être simple, j’avais quand même passé des heures penchées sur mes livres pour parvenir où j‘étais. Elle n’avait pas la moindre mesure de tout ça. A ses yeux tout arrivait dans mes mains en un claquement de doigt.
Bon Dieu ! Mon état physique disait de loin le contraire. Les fossés sous mes yeux, la fatigue qui me pesait, la douleur dans mes muscles… J’avais surement perdu quelques kilos la semaine passée, je les reprendrais certainement vite, en ne m’épuisant plus. Quand les ambulanciers auront embarqué ma sœur, tout ira mieux. Il ne me restera que mes deux derniers diplômes à passer, puis le concours de la police à avoir. Rien d’impossible.

Nous avons passé tout le temps qu’il nous restait à nous prendre le bec sur différents point, et puis on est venu prendre Camilla, juste après qu’elle ait commencé à me faire l’apologie de la drogue. Me disant qu’au moins, elle se sentait « bien ».

« Puisses-tu comprendre qu’il existe mille autres manières d’aller bien… » Ont été les dernière paroles qu’elle m’a entendu prononcer.


Après ça, je suis allé la voir régulièrement à la clinique, mais elle a toujours refusé qu’on me laisse entrer dans sa chambre. Du coup, j’ai pris des nouvelles par l’intermédiaire des infirmières de l’établissement. Sa sortie ? Je l’ai découverte par pur hasard, un mois où le chèque de paiement pour son traitement m’a été renvoyé en m’expliquant que la patiente n’était plus là-bas.
Je n’ai eu aucune nouvelle d’elle depuis.

J’ai beau essayer de me convaincre qu’elle a pu enfin devenir maitresse de sa vie, finir ses études, rencontrer quelqu’un et mener une vie stable, je sais que c’est faux. Après tout, elle ne voulait pas arrêter la drogue et je l’ai envoyée de force en cure de désintoxication. Qu’elle ne se soit pas échappée est déjà un miracle. Même si elle se came encore, j’ose espérer qu’elle est toujours en vie. Enfin… Je ne sais pas ce qui est le pire entre vivre comme une loque ou être mort, mais par égoïsme, je préfère l’espérer vivante… Ou au moins me dire que j’aurais su, si elle n’était plus de ce monde.
Ma petite sœur…
Et mes parents ? Que sont-ils devenus ? Je me suis déjà posé la question, quelques fois, mais elle ne m’a jamais paru d’une grande importance. De toute manière, à partir de dix ans, j’ai vécu sans père et avec une mère que j’aurais presque été capable d’abattre de mes mains si je n’avais pas préféré protéger Camilla… Cette femme a-t-elle réussi à obtenir la mort de mon père ? Parce que mine de rien, elle semblait la souhaiter.

« A présent, il va me falloir aborder un dernier sujet "annexe" : vos procédures de divorce. » Reprend le psychologue.
« Pardon ? » Je m’égosille. « Cela ne vous concerne en aucun cas ! »
« Je me doutais que j’allais me heurter à un refus… »
« Je ne vois pas pour quelle raison vous auriez eu mon consentement. Ceci concerne ma vie privée et absolument pas le motif de ma convocation. Ma situation familiale n’a rien à voir avec ma capacité à reprendre mon poste. »

Bon Dieu ! Mais sur qui suis-je tombée ? Pourquoi me poser toutes ces questions ? Ne pouvions-nous pas juste aller à l’essentiel ? Je me suis préparée à parler de tout ; la mission, la mort de Gordon, celle du trafiquant… Tout ! Mais pas de ma vie. Tout ça… Tout ce désastre ne concernait que Clint et moi. Et Eilis aussi. Eilis…
Penser à elle me fait soupirer, mais le doc’ continue sur sa lancée et m’explique que si, ma vie privée et mon emploi sont très liés puisqu’aucun facteur extérieur ne doit pouvoir altérer mon professionnaliste. Laissez-moi rire ! C’est justement ce « professionnaliste » qui a bousillé ma famille ! Et puis même voir quelqu’un qui m’était proche mourir n’a pas su l’entraver, alors il y a peu de soucis à se faire, je crois…

« Ecoutez, madame Dempsey… » Insiste-t-il.
« Cross. » L’interrompis-je. « Je tiens à être appelée Cross. »
« … Mademoiselle Cross. » Reprend t-il en balayant l’air du revers de la main. « Si je n’ai pas toutes les cartes en main, je ne pourrais pas me permettre de signer votre réintégration. »

Enfoiré ! J’aurais dû me douter qu’il comprenne toute l’importance de mon travail pour moi… A vrai dire, je m’étais simplement trop focalisée sur moi et pas sur l’anticipation de ses questions. Merde ! Quelle abrutie !
Le problème, c’est qu’en plus de chercher comment me sortir de là, mon esprit s’égare de nouveau. Cette fois, ce n’est ni mon enfance ni Camilla qui occupe la plus grande place dans ma tête.

L’histoire avec Clint, elle remonte à… Loin. Il a été mon premier supérieur quand je suis entrée dans la police, à vingt-deux ans – bon, d’accord, presque vingt-trois. Les quelques semaines de pause que j’ai eu, entre mes diplômes et le concours m’ont fait un bien fou ce qui m’a permis de tout passer avec brio, même les tests physique. De longues heures de sommeil, des repas copieux et – attention – équilibrés, ainsi qu’une absence complète de tracas quotidien (comme le tracas-Camilla, par exemple) m’ont permis de me remettre vite.
Dès mon premier jour, mon chef a tenu à l’entretenir avec moi. Je me revois encore, assise en face de lui, à essayer de ne pas me fendre de rire. Sans que je ne sache pourquoi, il y a toujours eu une sorte de complicité entre nous. Dès la seconde où je l’ai regardé dans les yeux, j’ai eu le sentiment que nous formerions une bonne équipe.

Ça a été le cas. De ce que j’ai entendu, le groupe n’a jamais aussi bien fonctionné qu’à partir du moment où j’ai débarqué. Malgré le fait que j’étais sensée n’être là qu’entant que policière, je n’ai jamais pu m’empêcher de mettre sur la balance mes connaissance en psychologie criminelle, ce qui nous donnait une longueur d’avance.

De l’entretient que j’ai eu avec Clint, seul quelque mots me sont restés – les mondanités « May Ann Cross, mais May suffira. », « Seulement si vous m’appelez Clint. », « A condition que vous me tutoyez. », « De même. » mises à part -, du moment où il m’a demandé si je comptais faire carrière dans la police national :

« Non, c’est temporaire. Je vise bien plus haut, mais pour avoir un espoir, il faut que j’ai une expérience de terrain. Enfin... Je peux y prétendre sans, mais ça ne peut que jouer en ma faveur. »
« Ah oui ? Et qu’est-ce que tu vises ? »
« Top secret… »

Il avait tout compris, et à cet instant-là, aucun n’a pu s’empêcher de rire doucement.

Seulement voilà, notre bonne équipe n’a fonctionné un peu moins de deux ans. La majorité des autres membres de l’équipa ont changés, préférant des postes moins durs, mieux rémunérés… Moi, j’avais pris du galon et on m’avait proposé de devenir chef d’une autre équipe, mais j’ai décliné. Je tenais à rester dans les pattes de Clint. Ce qui s’est passé au bout de ses deux ans, si je ne suis pas partie ? Clint nous as annoncé son départ.

Furieuse, dès qu’il est entré dans son bureau, je suis entrée à sa suite avant de fermer les rideaux.

« Alors comme ça, tu nous abandonne ? » L’ai-je provoqué.
« May… » C’est-il excusé.
« Quoi ? Qu’est-ce qu’elle a, May ? Tu pensais que j’allais te laisser te tirer comme ça, sans rien dire ? Mais c’est toi qui m’as formée ! Toi qui as fait confiante à mes diplômes de criminologue ! Tu… Tu ne peux pas partir comme ça, sans raison ! »
« C’est beaucoup plus compliqué que tu ne le crois… »
« Ah oui ? Et tu ne me pense pas capable de comprendre ? Oh, pardon ! Ce n’est pas comme si j’avais deux master et deux licences en main à vingt-deux ans, ou encore que je m’étais amusée à passer quatre certificat de langues étrangères juste parce que je m’ennuyais… »
« May… »

Je n’ai jamais tant maudit sa voix auparavant. J’étais sur les nerfs, je voulais savoir, et lui tournait en rond. Je n’ai pas insisté verbalement, mais j’ai planté mon regard dans le sien. J’étais tout ce qu’il y avait de plus déterminée, et lui… Il semblait abattu. Mais finalement, j’ai gagné, et il m’a dit :

« Je suis devenu un danger pour vous tous. »
« Un agent expérimenté comme toi, devenir un danger ? Tu plaisantes, j’espère. » Ai-je argué, abasourdie.
« Ecoutes, May… C’est vraiment trop dur à expliquer… »
« Débrouilles-toi, mais je ne bougerais pas d’ici sans avoir eu une explication recevable. A la limite, je peux faire du décryptage, si besoin… »
« Je… Tu… Tu tiens vraiment à le savoir ? »

J’ai ricané.

« Evidemment, abruti ! »
« Je suis amoureux de l’une des membres de l’équipe. » M’a-t-il avoué.

Je me voyais déjà sortir en trombe de la pièce et abattre mon poing dans la face d’Agatha, cette belle blonde aux yeux bleus… Etais-je… Jalouse ? Oui, sans doute. Je n’aurais jamais cru. Il était sorti avec pas mal d’autre femmes pourtant, en deux ans… Des relations volages à chaque fois. Alors pourquoi est-ce que maintenant, j’avais envie d’encastrer la tête de la blondasse dans un mur ? Pourquoi est-ce que je me voyais massacrer ses cheveux blonds et transformer ses paupières fines en épaisses ecchymoses ? Parce qu’elle était de notre équipe, toute proche de moi ? C’était une éventualité.

« Elle est douée dans d’innombrables domaines, » a repris Clint, « aussi bien physiquement que mentalement. Elle est d’une très grande beauté. J’adore ses cheveux. Elle a de grandes ambitions. »

L’entendre faire l’éloge de ma co-équipière m’a mise en rogne – encore plus je ne l’étais déjà -, mais la tension de mes poings ne suffit pas à le faire s’arrêter. Le seul point qui m’avait interloqué, c’était la dernier : depuis quand cet idiote avait de grandes ambitions ? Non, vraiment, elle n’était peut-être pas stupide, mais elle n’avait pas pour autant inventé l’eau chaude. Quand on a son QI, on ne vise pas les hauts échelons, c’est ce leurré…

« Je vais l’aidée, d’ailleurs, en la faisant nommer chef d’équipe. Ça sera toujours ça de plus sur son CV. Je ne doute même pas qu’elle fera un très bon leader. On lui a proposé de devenir chef d’une autre équipe, mais elle a refusé. J’ai trouvé ça dommage, avec son talent. »

On avait fait la même proposition à Agatha qu’à moi ? Mais elle était là depuis… Quelques mois, cinq ou six peut-être. Il avait fallu plus qu’un an et demi pour que l’on me fasse cette proposition, à moi ! Je n’aimais pas être mauvaise langue, mais ça sentait la promotion canapé. Et puis s’il était amoureux d’elle, rien d’étonnant à ce que Clint veuille la faire nommer chef d’équipe… Par pitié, Seigneur, qu’ils refusent une promotion si hâtive !

« En fait, je n’ai même pas compris le motif de son refus. En y réfléchissant, je crois que je ne lui ai pas demandé. Pas plus qu’elle ne m’en a parlé, j’ai appris ça par notre supérieur. Il voulait que j’insiste pour qu’elle accepte, mais je lui ai dit que je respectais trop son libre arbitre pour faire ça. C’est la première fois que j’aborde le sujet avec elle. »

Qu’il aborde le sujet avec elle ? Mais… Il n’y a que nous ! Mais il est vrai que je ne lui ai pas parlé de l’éventualité de ma promotion, pas plus que du fait que j’avais refusé pour ne pas trop m’éloigner de lui…

« Je l’aurais bien évoqué avant, mais elle ne parle que très peu d’elle. En deux ans de travail commun, tout ce que je sais, c’est qu’elle vit seule et qu’elle a eu une vie mouvementé pour arriver où elle est. Mais elle a réussi. Elle réussit toujours, pour peu qu’elle le veuille. Je ne sais pas si elle a un animal de compagnie, pas plus que son plat préféré ou le pire livre qu’elle ait lu. Je sais que quand je l’emmène au bar, avec les autres, elle ne prend que des alcools doux ou des cocktails légers, je trouve ça mignon. »

Agatha, en plus d’être là depuis moins d’un an, passe son temps à dire ce qu’elle aime ou pas, évoquer sa famille – me comparer à sa mère, entre autre. Je crois que personne dans le bâtiment n’est pas au courant que sa préféré est le turquoise, son plat préféré les sushis et le pire livre qu’elle ait lu… Il faudrait déjà qu’elle ai ouvert un bouquin, pour ça ! Et puis quand on est au bar, elle cartonne à la vodka ou pire…

« Je ne sais pas pourquoi je raconte tout ça, parce que je m’étais promis de ne rien dire. Pour elle. Pour ne pas risquer de noircir sa réputation en laissant penser qu’elle s’est allongée pour que je la fasse nommer chef d’équipe à mon départ. En même temps, il faudrait être stupide pour colporter des rumeurs pareilles sur elle ! Ce n’est pas une coureuse, du tout. Je me suis demandé si elle a déjà eu un homme dans sa vie, parce qu’entre ses études et maintenant… J’ai cru comprendre qu’elle n’avait pas eu énormément de temps. Ou n’a pas voulu en prendre. »

Je n’y comprenais plus rien… De qui parlait-il ? Dans l’équipe, les deux seules femmes étaient Agatha et moi ! Tout ça ne collait pourtant pas à ce que je savais de l’autre abrutie blonde…

« Au point où j’en suis… Autant tout te dire. Elle a au total huit diplômes dans les mains, sans compter les deux formations d’entrée dans la police. Elle a des cheveux roux et des yeux clairs. Elle se tient dans cette pièce, debout en face de moi. Elle s’appelle May Ann Cross. »

C’est sans que j’y ai pensé, mes jambes ont avancé et contourné le bureau derrière lequel Clint se tenait. J’ai planté mes yeux clairs dans les siens, sombres.

« Si tu m’aimes, qu’attends-tu pour m’embrasser ? » Lui ai-je dit avant de lui voler moi-même un baiser.

*.*°*°*.*
Tout est allé très vite, il n’a pas fallu un mois pour que Clint vienne s’installer chez moi. Pourquoi ? Parce que j’avais l’appartement le plus grand et de loin le plus confortable. De plus, j’étais propriétaire et pas lui. Peu après mon entrée dans la police, j'avais décidé d'investir sérieusement plutôt que de continuer à payer un loyer et bloquer un appartement que des étudiants pourraient investir. Il a changé de section, et moi, je suis devenue chef d'équipe, par voix d'ancienneté. Mais je ne suis restée à se post que eu de temps puisque j'ai atteint mon objectif et obtenu un poste dans les services secrets, à vingt-six ans.

Quatre ans plus tard, après une semaine a me sentir relativement mal, j'ai décidé de faire un teste de grossesse. Le résultat, je n'ai pas eu besoin de la regarder deux fois. J'étais bel et bien enceinte.
Étrangement, je m'étais toujours être prise de panique à l'annonce de ce genre de nouvelle, mais ce n'était pas le cas. Je me sentais... Calme, sereine, même. Et autre chose aussi, que je ne saurais qualifier. Comme si cet enfant était la part de moi qui m'avait toujours manqué. Comme si tout allait enfin être doux et parfait. Nous allions enfin être une famille, lui, Clint et moi à présent. Une famille. Ce que je n'avais eu que peu dans ma jeunesse.

Mais finalement, l'inquiétude n'a gagné, en songeant à Clint. Et qu'il ne voulait pas de se bébé ? Qu'allais-je faire ? Qui choisirais-je s'il me demandait de choisir entre lui et le bébé ? Avorterais-je ou alors le quitterais-je ? Cette idée m'a fait froid dans le dos. La seule idée qu'il puisse être si cruel envers moi me donnait envie de pleurer. Mais il fallait que j'arrête de me faire des films avant même de lui en avoir parlé.
Du coup, je l'ai cherché dans l'appartement qui était devenu le notre. Seulement impossible de le trouver. J'ai tourné en rond un quart d'heure avant qu'il ne débarque tout sourire un paquet dans les mains. Un quart d’heure à m’imaginer les pires scénarios… Mon air sérieux à du l'alerter car il a doucement posé le paquet sur la table du salon et est venu prendre mes mains dans les siennes

« Quelque chose ne va pas, ma belle ? » M’a-t-il demandé.
« J’ai quelque chose d’important à te dire. »
« Et bien vas-y, je t’écoute. »

J’ai planté mes yeux dans les siens, je voulais pouvoir observer sa réaction. J’ai inspiré un grand coup et puis je me suis agrippée à ses mains qui me tenaient déjà.

« Je suis enceinte. De toi. »

La surprise à envahis son visage, mais elle n’est restée que peu de temps. C’est le bonheur qui a pris la place. Il a ouvert et fermé la bouche plusieurs fois sans trouver quoi dire. Je m’en fichais, j’avais trouvé ma réponse dans ses yeux. Finalement, il m’a serré fort dans ses bras. Très fort. Je me suis crue dans un rêve.

« May… ! C’est… C’est formidable ! » M’a-t-il dit sur un ton qui m’a laissé penser qu’il pleurait de joie.
« Oh mon Dieu, j’ai eu tellement peur… Que la nouvelle ne t’enchante pas ! » Lui ai-je avoué.

Alors il m’a lâchée, s’est reculé de quelque pas avant de baisser la tête et enfoncer les mains dans les poches de sa veste. Il avait l’air embarrassé et moi, je me suis de nouveau affolée.

« Et bien… » A-t-il commencé.
« Quoi ? »
« Il y a bien quelque chose qui ne m’enchante pas… »
« Qu… Quoi ? »
« Et bien maintenant… »
« Clint, je t’en supplie, parle. »
« Il va falloir que je t’épouse ! »

Mon sang n’a fait qu’un tour. Je n’avais pas bien compris ce qui c’était passé dans cette conversation et c’est dans cet état de surprise que je l’ai vu sortir un écrin de sa poche. Quand il l’a ouvert pour me présenter la bague à l’intérieur, mon cerveau à arrêter de fonctionner, incapable de déterminer si c’était du lard ou du cochon.
Devant mon incompréhension, il s’est mis à genoux et a énoncé d’une voix claire et douce :

« May Ann Cross, femme de ma vie et bientôt mère de mon enfant, veux-tu m’épouser ? »

Ça a été à mon tour de pleurer de joie et de ne pas pouvoir lui répondre. Je lui ai sauté au cou avec tellement de force que nous avons finis allongés sur le carrelage. Quand j’ai réussi à me calmer, il a m’a aidé à me relever puis à passer la bague de fiançailles à mon doigt. Puis il a retrouvé son sourire de plaisantin :

« Tu n’ouvres pas mon cadeau ? »

J’ai récupéré le paquet sur la table et j’ai défait l’emballage. A l’intérieur ? Une barquette de fraise.


Repenser à mon bonheur alors que l’on me demande d’évoquer mon divorce est de la plus belle ironie qui soit. Mais parler de mon divorce en approche ramène presque inévitablement à parler de mon mariage. Il s’est passé en comité réduit, puisque je n’avais plus vraiment de famille à convier. Camilla ne n’avait pas donné de nouvelle – pas plus qu’elle ne m’en a donné depuis… - et mes parents… Je ne sais toujours pas si l’un a finis par tuer l’autre. Il n’y avait que la famille de Clint, quelques amis communs et évidemment, nous. Pas de froufrous dans tous les sens, de grande festivités, juste un repas tous ensemble et quelque jeux stupides mais drôles. Je comptais que nous restions habillés comme tous les jours, mais la mère de Clint a tenu à me payer une « véritable robe de mariée » ainsi qu’un costume à son fils. Elle a dépensé une fortune pour nous deux, mais ça lui était pleinement égal. Moi, cela m’embarrassait fortement.
Enfin le sujet n’était pas là.

« Que voulez-vous que je vous dise, vraiment ? » J’interroge le psy d’un ton indifférent. « J’étais absente, Clint a trouvé quelqu’un d’autre, quelqu’un de présent et j’ai préféré accepter toutes ses conditions, même le divorce, pour épargner à Eilis de voir ses parents se déchirer. »

Ça, c’était la version courte. La version longue parle aussi des larmes que j’ai versé, des supplications que j’ai faites à Clint pour qu’il ne me prive pas de voir ma fille, de ce mélange de tristesse et de culpabilité que j’ai ressentis quand il m’a dit qu’il partait. La version longue explique aussi pourquoi j’ai finis par accepter son départ, à condition de pouvoir encore venir voir mon bébé, quand je me suis souvenue ce que ça faisait à un enfant, de voir ses parents se crier dessus.

La version longue ? C’est celle-là.

Je suis rentrée d’une mission de terrain qui m’avait fait disparaitre des mois. J’ai passé la porte de mon appartement et j’ai surpris Clint avec une femme. En fait, ça ne m’a même pas fichu un coup au cœur. Pourquoi ? J’étais encore un peu dans ce monde où je suis totalement indifférente à tout.
Je ne peux pas prétendre sans mentir que je n’ai pas été blessée du tout. Simplement j’étais encore trop « professionnelle » pour que cela m’atteigne.

Clint c’est affolé.

« May ! Euh… Je… Je ne savais pas que tu rentrais aujourd’hui ! »
« Hum ? Je crois que j’avais remarqué. »

Voilà tout ce que j’ai répondu. Avec une voix parfaitement neutre. Je crois que lui par contre a pris un grand coup en entendant cette remarque. Moi, je n’ai même pas adresser une regard à la fille et, pendant que e posait mon sac, mes clef et mon manteau, elle a filer en promettant un coup de file à Clint.

« May… » A-t-il repris une fois qu’elle eut passé la porte.
« Où et Eilis ? »
« Chez une amie à elle. »
« Il est six heure et demi. Je vais la chercher. »

Et puis je suis partie, mais Clint m’a rattrapée avant que j’atteigne la porte.

« Ah oui ? Et tu vas où ? Tu ne connais même pas l’adresse ! »
« Tu n’as qu’à me la donner. »
« Non, je vais aller chercher Eilis. »
« Pourquoi ne veux-tu pas que j’y ailles ? »
« Parce que Carol ne te connait pas. »
« Carol ? »
« La mère de Vicky, l’amie d’Eilis. »
« Qu’est-ce que ça peut faire ? Eilis me reconnaitra. »
« Non. Elle ne te reconnaitrait pas. Va prendre une douche, May. Je t’assure. Tu ne ressembles ni à ma femme ni à la mère d’Eilis. »

Cette conversation m’a fait du mal. Bien plus que de surprendre Clint dans les bras d’une adorable petite brune un peu trop jeune pour lui. Il voulait m’empêcher de revoir ma fille. Mon bébé… Pourquoi ? Qu’avais-je fais ? En quel honneur me privait-il de la sorte.
Il est partit avant que je puisse le retenir et j’ai fait ce qu’il a dit : je suis allé prendre une douche. Quand je me suis vue dans le miroir, habillée par des vêtements qui ne m’appartenaient pas et tellement trop maquillée, j’ai compris ce qu’il voulait dire.

Furieuse de m’être présentée à lui comme ça et à peine soulagée que ma petite n’ai pas été là pour me voir. J’ai frotté ma peau presque à m’en blesser, même au visage. Je ne voulais pas qu’elle voit ça. Mes cheveux étaient encore bruns, je n’avais pas eu le temps de passer chez le coiffeur, retrouver ma couleur naturelle, mais au moins, démaquillée et habillée normalement, je ressemblais à May Ann Dempsey – celle que tout le monde ou presque appelait « Cross ».

Ils sont rentrés, et en me voyant, Eilis c’est stoppée net. Elle a écarquillé les yeux et afficher le plus grand bonheur du monde.

« Maman ! » A-t-elle hurlé. « Maman, tu es rentrée ! »

Elle a couru vers moi. Je me suis accroupie pour la prendre dans mes bras, lui assurant que oui, j’étais rentrée. Elle m’a raconté tout ce qui c’était passé, depuis mon départ, des mois plus tôt. Je n’ai pas pu résister, je lui ai fait son plat préféré et nous avons dîné tous ensemble. Bon Dieu, quel bonheur de retrouver sa famille !
Evidemment, c’est moi qui ai couché la petite.

« Tu ne pars plus maintenant, hein, maman ? » M’a-t-elle demandé.
« Pas pour l’instant, chérie. » Ai-je seulement pu lui répondre.
« Mais ça veut dire que tu vas repartir… »
« Oui, mais dans longtemps. »
« T’es tout le temps pas là, maman ! Et moi j’aime pas quand t’es pas là ! »
« Maman travail, mon cœur… »
« Papa aussi il travail, mais il reste avec moi. »
« Papa ne voyage pas, pour son travail… Aller, c’est l’heure de dormir. »

Quand je suis revenue dans le salon, il y a eu un long silence. J’ai compris que quelque chose n’allait pas. J’aurais dû le comprendre bien avant. Mais l’agent de comprend que la logique alors que May Ann saisit les sentiments.
J’ai allumé le téléviseur et j’ai poussé le volume suffisamment fort pour qu’Eilis ne puisse pas nous entendre, tant que nous ne parlions pas trop fort. Et aussi pour que nous même nous entendions.
Je savais trop bien ce que cela faisait d’entre ses parents se disputer.

« Clint, écoutes… » Ai-je tenté de me faire pardonnée.
« Bon, c’est toi qui va m’écouter, May. On ne peut plus vivre comme ça. »
« Qu’entends-tu par "comme ça" ? »
« Tu es tout le temps absente, je n’arrive pas à m’occuper seul d’Eilis… »
« C’est pour ça que tu t’es trouvé une maîtresse ? »
« Entre autre. »

Donc cette femme s’occupait de ma fille. Je m’attendais à beaucoup de choses, mais ça… Ça m’était insupportable. Une baby-sitter m’importait peu, une autre femme aussi… Mais la maîtresse de mon mari ? C’était absolument inconcevable, même complètement pervers. D’autant plus que la carte affective de ma fille n’était pas encore complètement achevée. Et si elle finissait par prendre cette femme pour sa mère et me renier, moi ? Bon, c’était aussi catastrophique que peu probable, même du haut de ses cinq ans, mais…

« Ecoute May, on ne peut plus vivre comme ça. » A-t-il répété. « Comme si nous étions des fantômes. »
« Je n’agis pas comme si tu étais un fantôme ! »
« Ah oui ? Et quand tu es revenue ? Tu n’étais même pas l’ombre de toi-même. Celle que je connais m’aurait crié dessus, tiré par le col et fichu la fille à la porte. Et qu’as-tu fais ? Tu as été d’une magnifique indifférence et d’un cynisme exemplaire qui n’appartient pas le moins du monde à ma femme. »
« Je suis à peine rentrée et tu me reproche… »
« De te croire encore en mission. Il faut que tu fasses la part des choses, May. Ici, tu n’as pas à te cacher de quoi que ce soit. »

Je l’aurais bien vu, lui, passer du jour au lendemain de l’univers des « cols blancs » à celui de sa famille. Mon univers était exclusivement constitué de menaces et autre dangers… Qu’étais-je sensée faire ? Me transformer en claquant des doigts.

« De toute manière, ça a eu d’importance. Je vais demander le divorce. » M’a-t-il annoncé de but en blanc.
« Clint, non ! » Ai-je supplié, soudainement les larmes aux yeux.
« Si, ça sera mieux comme ça. »
« Quoi… Pourquoi ? »
« Nous sommes devenus des étrangers… Je ne veux pas me languir de l’absence d’un fantôme »
« Non ! Laisse-moi encore une chance ! Je… Je vais demander à ne puis être de terrain. Je vais… »
« Laisse tomber, May. Tu tiens trop à ce boulot. Et moi je ne tiens plus à toi. Eilis et moi, on va déménager. Après tout, l’appartement est à toi. »
« Non, non, non. Garde l’appartement, je m’en fiche. Tu n’as qu’à… T’installer ici avec… Elle. Mais reste… Moi j’irais ailleurs. Ce… Ce n’est pas grave. »
« Pourquoi tiens-tu à ce que nous ne changions pas de domicile ? »
« Pour Eilis. Elle n’a pas à déménager à cause de moi. Et puis… Comme ça je saurais où venir la voir, où lui envoyer des cartes… De temps en temps… Quand je reviendrais de mission… »

Il a secoué la tête en ricanant. Il semblait chercher à m’expliquer quelque chose, mais je ne comprenais pas ce que j’avais pu dire de drôle. Je lui cédais mon appartement, juste pour le bien de notre fille et il y trouvait encore à redire.

« May, à partir du jour où je partirais d’ici avec la petite, je ne veux plus que tu l’approche. »
« Tu n’as pas le droit de faire ça ! C’est un enlèvement ! »
« Pas si tu renonce à tes droits parentaux. »
« Jamais ! Jamais, Clint ! Eilis est ma fille ! »
« Tout comme c’est la mienne. »
« Je le sais. Mais ça ne te donne pas le droit de m’empêcher de la voir ! »
« Tu es un danger pour elle. Tu trempes dans des histoires pas claires. Et si un de ceux après qui tu cours s’en prenait à elle pour se venger de toi ? »
« C’est impossible et tu les sais. »
« Bien ! On a qu’à faire les choses simplement. Tu acceptes le divorce et mon déménagement, et je te laisse venir voir Eilis. »
« Tous les combien de temps ? Je refuse de ne l’a voir que quelques heures par ans ! »
« Comme maintenant, chaque fois que tu reviens de mission. »

C’était du chantage, je le savais, mais si cette histoire allait jusque devant les tribunaux, je savais que je serais déclarée inapte à garder ma fille. Alors… Si au moins je pouvais continuer de la voir… J’ai accepté.

Le reste de l'histoire n'est que larmes, culpabilité et pour finir, un nouveau départ en mission, que j'ai accueillis avec joie.


« C’est tout ? » C’est étonner le doc.
« Oui, c’est tout. » Ai-je répondu. « Je ne suis pas en mesure de m’occuper d’elle, justement parce que je pars souvent des mois entiers. Et puis concrètement, vu les missions que je fais, le seul fait d’être sa mère la met en danger. Tout ce que je demande, c’est pouvoir la voir chaque fois que je rentre. Quelques heures. »

Si le psy ose m’accuser de mentir alors que je suis de la plus grand honnêteté, je jure de lui mettre mon poing dans la figure.

« Très bien. Dans ce cas, nous en avons finis avec le domaine privé. Raconter moi votre dernière mission. »

Ma dernière mission ? Très bien. Je devais infiltrer un repère de trafiquant d’armes. Pour assurer ma couverture –évidemment celle d’une trafiquante -, je m’étais teinte en blonde platine et faite appelée « edelweiss » - et accessoirement Sera Kent -, l’edelweiss étant une adorable petite fleur blanche. J’étais sensée prendre le rôle d’une espèce de femme-enfant qui n’a pas peur de torturer. Il m’a fallu peu de temps pour m’adapter. C’était un rôle terrifiant. Je devais être frivole un instant et être à deux doigts d’étrangler quelqu’un le suivant. Mais je faisais.

Jason – Sean Kristensen pour la mission – jouait mon garde du corps. A vrai dire, c’était son boulot tout court. Pas seulement sa couverture. Il devait bel et bien couvrir mes arrières. Un peu moins expérimenté que moi – et pas encore un grand adepte du caméléonisme -, il était plus simple pour lui de faire exactement la même chose sur les deux plans. Il l’a très bien fait d’ailleurs, du début à la fin.
Seulement la « fin » a été différente pour lui et pour moi.

Je revois encore la scène.

Nous étions dans un vieux hangar, je négociais enfin avec l’homme que je voulais coincer. Au total, nous étions quatre : « edelweiss » et son garde du corps, « le tigre » et son garde du corps. Il souhaitait une rencontre seul à seul avec moi, mais après quelques… Echanges, il a été convenu que chacun prendrait avec lui un garde.
Laisser la pauvre petite edelweiss sans la moindre protection ? C’était inimaginable voyons !

Les négociations progressaient lentement, mais d’un coup, tout est aller très vite. Le tigre c’est levé et a décollé un poing dans la figure Jason, comme ça, sans crier gare. Je n’ai pas compris ce qu’il faisait. Il a sorti son arme et l’a braquée sur Jason, moi aussi, j’ai dégainé.

« Maintenant, nous allons négocier à ma manière. » Il a dit.
« Vous ne posez pas les règles. » J’ai rétorqué.
« Ah oui ? » A-t-il insisté en s’approchant de mon partenaire, son arme pointée vers son front. « Même comme ça, je ne pose pas les règles ? »

Jason a, lui aussi, finit par se décider à dégainer. Que pensait-il faire sans menacer le tigre de son arme ? Le raisonner ? On ne raisonne pas à gars comme ça, on l’arrête. Il nous fallait encore un peu de temps. Juste un peu. Mais nous n’allions pas en avoir s’il continuait à jouer les gros bras. Je ne pensais pas homme si intelligent jouer les machos.

« Pourquoi ne pas simplement continuer les négociations ? »
« Disons que je soupçonne la petite fleur blanche de tricherie. »
« Moi ? Tricher ? Non mais pour qui vous vous prenez, Monsieur Le Tigre ? J’ai autre chose à faire de mes journées. »
« Mais vous êtes trop douée, edelweiss. Et en plus vous refusez de vous séparer de lui… »
« Il n’y a que vous pour être assez fou pour vous passer de garde rapproché. »

Je me suis approchée de Jason, qui n’a pas cillé. Il avait confiance en moi et il savait que peu importe ce que je puisse faire, il devait me suivre. Pour plusieurs raisons, j’avais dû me comporter encore plus bizarrement envers lui qu’envers tous les autres avec qui j’interagissais.

« Et puis… » Ai-je minaudé en tournant autour de lui. « Il sait ce qui l’attend s’il me trahis. N’est-ce pas, Sean. » Ai-je continué en plaquant mon arme contre sa tempe.
« Oui, Madame. » A-t-il seulement acquiescé.
« Quel charmant garçon, vous ne trouvez pas ? »

Je changeais d’un coup d’expression, devenant froide et austère, tout le contraire de la femme enfant qui venait de se montrer. J’ai baissé mon arme et me suis plantée entre Jason et le tigre.

« Maintenant baissez votre arme. C’est un ordre. »
« Qui vous dis que je n’ai pas l’intention de vous descendre tous les deux d’un seul tire ? »

De nouveau, la fille pseudo-inconsciente a éclaté de rire, pendant que son garde du corps l’écartait de la ligne de mire du trafiquant d’arme.

« Vous ne perdriez pas votre meilleure interlocutrice, Monsieur Le Tigre ! Voyons ! Il n’y a que pour qui ai suffisamment de ressource pour vous fournir ce que vous recherchez. »
« C’est justement ce qui m’inquiète. Vos ressources, très chère edelweiss. »
« Je préférais vous penser moins scrupuleux… »
« Vous pensez toujours que je le suis, si je fais ça ? »

Ces mots-là, je ne les oublierais jamais de ma vie… Parce que le tigre les a prononcés juste avant d’appuyer sur la détente, et de tuer Jason. Je n’ai toujours pas compris pourquoi il a fait ça. Tout ce que je sais, c’est que je n’ai pas été choquée. Ou disons plutôt que la petite fleur blanche à regarder Sean mourir sans manifester la moindre émotion, mais à l’intérieur, je savais que Jason aussi était mort et qu’il ne reviendrait pas. Je savais que je venais de laisser mon co-équipier mourir.

« Ça n’a pas l’air de beaucoup vous émouvoir… » A constaté le Tigre.
« Les hommes se remplacent… » Ai-je expliqué en haussant les épaules. « Mais c’est dommage, il me plaisait bien, ce petit Sean… »
« Les hommes se remplacent, hein ? Dans ce cas, je ne vois pas pourquoi les femmes ne se remplaceraient pas également. »

Nous avons levé nos revolvers au même moment. Il avait des soupçons minimes, et pourtant il était prêt à me descendre. C’était sans logique. Dans cet univers on fait attention à qui on assassine, il pourrait y avoir des représailles !
De nouveau, je me suis montrée dure et froide pour lui dire de ne même pas y penser, faisant fi du fait que son garde du corps lui aussi avait lui aussi levé son arme.

« Comme si j’allais m’en priver ! » A-t-il clamé.


« Alors qu’avez-vous fait ? » Me demande le psy.

La première phrase qui me vient en tête n’est autre que « Ben je l’ai buté. ». Néanmoins, mes études de sifflent que ce n’est pas la meilleure version possible. Surtout pas lors d’une évaluation psychologique.
Par le fait, je plante mon regard dans le sien et je tourne autrement la phrase :

« Que vouliez-vous que je fasse ? J’ai tiré. Je n’avais pas le choix. Il allait me coller une balle entre les deux yeux, comme à Jason ! »

L’autodéfense avait beau être en grande partie responsable de mon choix, je devais bien avouer que moi, celle qui c’était bien cachée tout au fond derrière edelweiss, avait une envie folle de le tuer. Bien sûr, je ne l’avais pas fait juste par plaisir. S’en prendre ainsi à un homme, aussi impur soit-il n’était pas rien pour moi. Et j’avais pris soin de m’assurer que je ne pourrais pas le devancer avec un simple tire d’immobilisation. Enfin… Je l’aurais devancé lui, mais pas son garde. Alors s’aurait été sans utilité. A deux contre un, je ne pouvais que perdre, si je ne prenais pas les devants.

« Et l’autre homme ? Qu’en avez-vous fait ? »
« Il a été surpris et hautement choqué. J’ai pu le neutralisé sans avoir recours à mon arme. »

S’en suit tout une série de questions sur mon ressentis et tout le tralala. Je connais ça par cœur et je réponds aussi habilement que possible. Ce n’est pas d’une affreuse difficulté pour moi. C’est même presque trop simple, mais je me méfie.

Finalement, je suis congédiée et je rentre chez moi. Dans le salon la baby-sitter que j’ai engagée pour la journée joue avec Eilis. Ma magnifique petite Eilis qui a maintenant six ans. Elle me saute dans les bras quand je rentre. J’ai été mise à pied, depuis mon retour de mission, vu et étant donné comment elle s’est terminée, du coup, j’ai pu garder ma fille avec moi pendant que son père déménage.

« Alors tu vas repartir, maman ? » Elle demande.
« Je ne sais pas, ma puce. Peut-être, peut-être pas. Ce n’est pas moi qui décide, tu sais. » Je lui réponds.
« Alors tu restes encore avec moi ? » Elle me demande, heureuse.
« Oui. Je reste encore. Mais je ne sais pas combien de temps je pourrais rester. Et tu retourneras avec Papa, dans la nouvelle maison. »
« Je ne l’ai pas encore vue. Mais elle est loin ! J’ai pas envie d’aller loin, Maman ! »
« Je sais, mon ange. Mais si Maman s’en va encore, elle ne pourra pas te garder, tu vois ? Alors tu devras retourner avec Papa. Mais ce n’est pas grave, tu sais, que tu changes de maison et d’école. Tu vas trouver d’autre gens gentils, là-bas ! »


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MessageSujet: Re: My job ? Spying on you !   My job ? Spying on you ! EmptyMar 21 Mai - 17:24



*.*°*°*.* Few Days Later *.*°*°*.*

Je n’aurais jamais cru être aussi soulagée de rentrer dans le bureau de mon supérieur. Il n’y va pas par quatre chemins, m’annonce que je repars et me donne un dossier que je commence à feuilleter.

« Birdsall. » M’annonce-t-il. « Une petite ville pas loin de York. Il se passe des choses bizarres, là-bas. Enfin… Les gens là-bas sont bizarres. Ils peuvent faire des… Choses que nous ne sommes pas capable de faire, si vous voyez ce que je veux dire. »
« Non, je ne vois pas… » Je reconnais.
« Oui, ça doit être dur pour la scientifique que vous êtes d’envisager que certaines personnes puissent lire dans les penser ou se régénéré euh même. »
« Techniquement, la télépathie n’est pas impossible, d’un point de vue scientifique, même si elle reste inexplicable concrètement. Concernant la régénération cellulaire, c’est quelque chose de beaucoup plus délicat. Et il va vous falloir de lourds arguments pour me forcer à y croire. »
« Mais ce ne sont que de simple exemples. Il y a des cas encore plus spéciaux, là-bas. D’après nos sources, c’est du à un ancien pensionnat regroupant tous ces individus… C’est pour ça que pour la plus part, ils sont très jeunes. Entre Dix et dix-huit ans, la plus part du temps. »

Si la scientifique pur et dure n’est pas contente d’entendre son supérieur parler de phénomènes irrationnels, une autre part de moi est ravie d’avoir des choses à apprendre. Les documents et témoignages me passionnent.Une fille capable de prédire l’avenir, une autre qui utilise les pires peurs des gens, un jeune homme qui fait danser les flemmes… Que des choses… Etrangement fascinantes.

« Qu’attendez-vous exactement de moi ? » Je demande, pour en venir au fait.
« Que tu enquête. Parle à ces personnes, essaye de découvrir d’où sa leur vient, comment ça fonctionne. Etudie-les sous toutes les coutures. Tu as carte blanche pour en garder un ou deux en observation si nécessaire. » M’explique-t-il.
« Très bien. Comptez sur moi. »
« Pour cette mission, tu prendras l’identité de Silvia Kay, trente-cinq ans, originaire de Londres. »
« Emploi ? »
« A toi de voir, Cross. Soit vendeuse dans une boutique de musique, soit barmaid. »

Je réfléchis sérieusement à la question. Les deux me permettent d’être en contact avec beaucoup de gens, mais le plus enclin à m’offrir les informations que je cherche, c’est barmaid. Les gens ivres parlent plus facilement. De plus, en me débrouillant bien je peux obtenir des horaires de nuit, ce qui me laisse la journée pour enquêter autrement.
D’un autre côté, c’est un travail assez… Déshonorant. Non pas que vendeuse ne soit pas également une insulte à mon intelligence, mais au moins, je n’aurais pas à échanger avec de la viande soule. Cette viande soule, cependant, reste mon meilleur espoir de trouver des informations. Démêler le vrai du faux ne devrait pas être le plus dur… et puis j’aurais toujours moyen de faire des vérifications de manière ultérieur.

« Barmaid, avec des horaires du soir de préférence. Qu’est-ce qui amène Silvia à Birdsall ? »
« Comme ça t’arrange, Cross. »
« Et où Silvia va-t-elle vivre ? »
« Un petit pavillon à la limite de la ville. Libre à toi de t’amuser à l’aménager. En tout cas, fait en sorte qu’il te serve. Invite des "amis" à prendre le thé, ou à dîner. »
« Je ne suis pas sensée garder mon lieu d’hébergement secret ? »
« Silvia est une femme sans histoire et chaleureuse. Pourquoi ne vivrait-elle pas une vie simple ? Et puis quoi qu’il arrive, tu auras toujours quelqu’un à porter de main pour te venir en aide. »
« Il y a déjà d’autre agents en poste ? »
« Oui. Tu auras leurs coordonnées dans ton répertoire en arrivant là-bas. Tu as une semaine pour te préparer. »

Parfait. Seulement Silvia ne me sera pas d’une grande utilité. Puisqu’il n’y a que peu de risque, autant être honnête. Je donnerais mon vrai nom. Ainsi, si jamais un souci ce présente, si je suis démasquée, Eilis n’aura aucun soucis. Et dois bien ça à ma fille.
Rien que de penser à elle, j'ai envie de demander à quitter le terrain. Elle va être triste, quand je lui dirais que je devrais la renvoyer chez son père, dans une semaine à peine. Seulement je ne peux pas faire ça. Ça reviendrait à compliquer encore plus les choses avec Clint et je ne veux pas qu'elle nous vois ou nous entende nous déchirer comme j'ai vu et entendu ma mère hurler sur mon père. Ce n'est que maintenant, que grâce à elle, que j'ai pu comprendre que ça m'a fait du mal, bien au delà de ce que j'ai endurer pour aider Camilla. Ce ne sont pas les remarques, les privations et les coups qui m'ont le plus fait souffrir, mais bien de sentir la tension entre mon père et ma mère.

Pour rien au monde ma fille ne sera obligée de vivre ça, elle aussi. Jamais.

*.*°*°*.* A Week Later *.*°*°*.*
Quelque cartons, c'est tout ce que j'ai pris avec moi. Des vêtements, quelques livre, quelques décorations, juste pour dire. Pas de photos, rien qui puisse laisser penser que je suis mariée et que j'ai une fille. Rien non plus qui n'évoque ma petite soeur. En même temps, Camilla n'est pas celle qui a le plus à craindre : la seule et unique photo qu'il me reste d'elle date de quand elle avait dix ans, quand nous étions allées au parc près de chez nous (enfin... De chez nos parents.). Ma colocataire de l'époque, qui disposait du permis de conduire, nous avaient déposées et était revenue nous chercher le soir. Honnêtement, elle pourrait passer pour ma fille, sur ce clicher.

Mon alliance ? Je l'ai laissée à Londres, dans mon "véritable" chez moi. Silvia à le droit d'être mariée, bien sûr, mais je préfère l'imaginée vieille fille. Cela m'évite de me rappeler que Clint et moi sommes en instance de divorce et que je ne peux même pas réclamer la garde d'Eilis. J'aurais eu une famille, j'aurais pu le faire. Mais là ? Pas de tante, pas de grand-mère, personne pour la garder, en somme. Et puis elle sera aussi bien avec son père qu'avec des personnes qu'elle ne connait pas.

Birsall est bien plus proche de Sheffield que je ne le croyais. Peut-être que je trouverais le courage d'aller voir si mes parents se sont ou non entre-tués ?
Certainement pas, en fait. Après tout, je suis en mission ! Une drôle de mission, d'ailleurs. Non pas qu'elle ne m’intéresse ! Je crois d'ailleurs ne jamais en avoir eu d'aussi passionnantes d'un point de vue scientifique. Cependant j'ai pour habitude de courir après des trafiquants d'arme ou de drogue. Là, c'est... Différent.
Ce qui me gène le plus, c'est de savoir pourquoi ils ne m'ont pas remise sur une affaire de cette ampleur : ils veulent me ménager. D'après eux, me faire vivre une "vie normale" est la meilleure solution. Vu à quel point ma vie à toujours été étrange, je ne suis pas sûre de ça. Mais bon, ce n'est pas à moi d'en décidé.

Je pose mes cartons dans l'entrée, sans même prendre la peine de les défaire et je quitte la maison. J'aurais tout le temps de la découvrir plus tard. De toute façon, il faut que je passe au bar attester de mon arrivée. Et puis un premier repérage de la ville ne me fera pas de mal. Je resserre ma veste sur moi et laisse "Silvia" prendre la place de "May", même si cette fois, elle et moi sommes proches. Et puis je ne suis même pas sensée parler à qui que ce soit, encore. Mais bon, dans le doute...
Pour mes contacts... Je ferais ça demain. Non pas par flemme, mais il vaut mieux que je sois réellement installée avant d'organiser un briefing. J'aime gérer les situations. C'est important, surtout quand on est en mission.
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MessageSujet: Re: My job ? Spying on you !   My job ? Spying on you ! EmptyMar 21 Mai - 22:00

Alors.
Bravo pour la longueur de la fiche hein, on en demandait pas tant. (J'avoue avoir eu l'envie de te taper dessus, mais passons ♥ c'est complet-ultra-complet et bien construit, tu es excusée.)

Je ne vois rien à redire, tout est en ordre. Quand t'auras le temps, y'a des fautes de frappes qui trainent, deux trois mots en trop ou qui manquent... Enfin si t'as le courage de t'y replonger!
Y'a un soucis de codage mais moi j'suis pas pro, je laisse à Decy ou Zazou le soin d'arranger ça plus tard mais en attendant je te valide histoire que tu puisses commencer à jouer.

Bon RP, mad'moiselle Cross \o
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MessageSujet: Re: My job ? Spying on you !   My job ? Spying on you ! Empty

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